Les opérateurs du secteur de l’assemblage automobile sont sous le choc après la dernière décision du ministère de l’Industrie et des Mines de limiter les importations des collections de montage CKD-SKD pour l’année 2019.
Des quotas ont ainsi été attribués à chacun des intervenants avec une enveloppe financière plafonnée, qui serait même pour certains largement consommée durant les premiers mois de l’exercice en cours. Dans sa note adressée mercredi dernier aux concessionnaires assembleurs, le ministère de l’Industrie justifie cette mesure par les considérations de rationalisation des dépenses et de préservation des réserves de change, tout en rappelant les engagements du Conseil national de l’investissement (CNI) portant sur les quantités et les modèles de véhicules produits.
La réaction des opérateurs ne s’est pas fait attendre. Entre stupéfaction et désolation, certains, qu’on a pu joindre, estiment que cette décision prise à la hussarde aura de lourdes répercussions sur les investissements déjà réalisés et surtout sur ceux encore plus importants qui sont en cours de finalisation et prévoyant de développer l’activité de sous-traitance devant permettre à terme d’augmenter de taux d’intégration.
A l’exemple de Sovac qui vient de finaliser le projet de délocalisation d’une ancienne usine de Volkswagen pour la fabrication de pièces de rechange et divers composants, ou encore Global Group qui est en train de mettre en œuvre son projet de plate-forme de sous-traitance avec l’intégration de dizaines de petites et moyennes entreprises dans la périphérie de ses installations industrielles à Batna.
La mise à l’arrêt programmée des différentes usines en activité, au nombre de 5 (Renault, Hyundai, Sovac, KIA et Peugeot) entraînera donc une mise au chômage forcée de centaines de travailleurs qui viennent pour beaucoup d’achever leurs cycles de formation soit sur site, soit auprès des constructeurs et qui verront ainsi leurs perspectives professionnelles s’assombrir subitement.
Cela rappelle le triste épisode de l’arrêt des importations de véhicules, décidé par Bouchouareb, avec la fermeture de pas moins de 35 concessions automobiles et le licenciement de plusieurs milliers de travailleurs. Cette nouvelle décision du gouvernement reste, en tout état de cause, l’expression de la dérive de sa propre stratégie pour le développement d’une filière automobile nationale et qu’il entend maintenant faire assumer par le citoyen qui en subira en définitive les retombées négatives.
La mise à l’arrêt des usines se traduira inévitablement par une pénurie de véhicules sur le marché et la tentation des concessionnaires d’augmenter les tarifs pour assurer la rentabilité de leurs installations, même si la note du ministère souligne toutefois que 50% de chaque quota doit être réservé aux modèles de petites cylindrées. Et ce n’est sûrement pas la volonté annoncée de ce gouvernement de libérer les importations des véhicules de moins de 3 ans qui va atténuer la tension sur ce secteur.
Au-delà des conséquences directes sur le secteur au plan national, il est important de relever que cette décision ne manquera pas d’altérer le crédit des opérateurs algériens auprès de leurs partenaires étrangers et de remettre en cause les éventuels projets d’investissement futurs.
Signalons, enfin, que le montant global alloué à l’importation de ces kits pour l’année 2019 aurait été limité à 2 milliards de dollars, soit une baisse de moins de 1 milliard par rapport à l’année précédente.
B. BELLIL Le Soir d’Algérie