mardi 14 mai 2024
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Industrie automobile : Facture salée pour les importations déguisées « kits CKD »

Le secteur automobile ne manquera pas, en fin d’exercice 2018, de susciter moult interrogations. Et pour cause, la facture d’importation des collections CKD destinés à l’activité d’assemblage a connu, au cours des dix premiers mois de cette année, une augmentation de près du double.

Selon les chiffres des douanes, le montant global, véhicules de tourisme et camions et bus, a atteint 2,9 milliards de dollars alors qu’il était de l’ordre de 1,65 mds pour la même période de l’année 2017 (+76%).

Dans le détail, le Centre national des transmissions et du système d’information des douanes (CNTSID) précise que les importations des kits de véhicules de tourisme ont coûté au Trésor public 2,38 milliards de dollars, soit une augmentation de 1,11 mds usd (+87%) et ceux des véhicules de transport de personnes et de marchandises à 518,62 millions de dollars, soit une évolution de 145,53 millions (+37,53).

A deux mois de la fin de l’année, cette facture a, d’ores et déjà, dépassé les prévisions les plus optimistes pour tout l’exercice 2018 et qui ne devait pas logiquement dépasser les 2,6 milliards.

Une accélération de la cadence

Un bilan chiffré qui renseigne sur l’accélération, tout aussi inespérée, de l’activité d’assemblage dans les sept usines officiellement répertoriées, Renault, Sovac, Tahkout, Mazouz, Glovis, GMI et Peugeot. A l’exception de Renault Production qui continue à fonctionner autour de 3 modèles seulement, les autres se sont distinguées par une multiplication effrénée des modèles, avec l’intégration même de finitions haut de gamme et de marque premium.

Ce qui sèmerait le doute sur la mise en application effective des process d’assemblage tel que souhaité par les pouvoirs publics. Autrement dit, de véritables chaînes, dédiées chacune à un modèle précis et où des dizaines d’opérations de montage de pièces et de composants divers sont effectuées avec l’intégration, tant galvaudée, de pièces produites localement.

Cette dernière option a été battue en brèche par le premier responsable du secteur de l’industrie qui reconnaissait tout récemment devant les députés que le développement d’une industrie automobile en Algérie ne pourrait se réaliser avant 10 ou 20 années.

Pour beaucoup, ce désaveu à toute une stratégie construite à la hussarde par l’ancien ministre Bouchouareb pourrait être interprétée par les actuels assembleurs de véhicules comme un quitus pour des «importations déguisées», seule explication, du reste, à cette augmentation rapide de la production et donc de la facture.

Hausse attendue pour les prochaines années

Et même si les volumes réels de production de ces usines relèvent pour l’heure du domaine du confidentiel, il n’en demeure pas moins que le nombre des véhicules mis en circulation cette année est en croissance exponentielle, favorisée pour cela par la généralisation du crédit proposé par les banques privées et publiques à toutes les gammes de véhicules made in Algeria.

En l’état actuel des choses, il est attendu que cette facture poursuive encore son envolée durant les prochaines années, notamment avec l’entrée prévue de plusieurs autres usines, tant dans le domaine utilitaire et industriel que le tourisme.

Des marques comme Suzuki, Ford, Renault Trucks, Daewoo Trucks, Mitsubishi, BAIC, JAC, Mahindra sont déjà dans les starting-blocks et n’attendent, pour certaines, que le feu vert pour se lancer dans la commercialisation de leurs produits. Dans le document des douanes, on relève, par ailleurs, une baisse de 34 millions de dollars des importations de la pièce de rechange, qui passe ainsi de 340,16 millions de dollars en 2017 à 306,33 millions en 2018 (-10%), alors que le montant consacré à l’importation des pneumatiques a été, au cours des dix premiers mois de 2018, de 114,56 millions de dollars, soit une évolution de 8,06% par rapport à la même période de 2017 qui était de 106,02 millions de dollars.

B. Bellil

In Le Soir d’Algérie