mardi 7 mai 2024
Accueil > Actualités > Les deux-roues négligés par les nouveaux cahiers des charges

Les deux-roues négligés par les nouveaux cahiers des charges

La mise en application des nouveaux cahiers des charges réglementant les activités de fabrication et d’importation de véhicules suscite, en ces moments, un remue-ménage dans le secteur automobile en vue de la reconstitution obligatoire des dossiers d’agrément.

Des textes qui concernent tout véhicule «destiné au transport de personnes ou de marchandises et pourvu d’un dispositif mécanique de propulsion ou électrique, circulant sur route : véhicule particulier, camionnette, camion, autocar, autobus, tracteur routier, cycle, motocycle et cyclomoteur».

Si pour les voitures et camions, la nouvelle réglementation a tenté de préciser le cadre pour l’exercice de cette activité, pour les deux-roues, le flou persiste encore.

La fabrication de vélos et de motos se trouve, ainsi, intégrée au même dispositif que celui des engins, des autos, des bus ou encore des utilitaires.

Pourtant, ce sont deux activités distinctes pour des clientèles aux attentes tout aussi différentes.
À la lecture du document relatif à la construction de véhicules, on relève que seul le chapitre I dans sa partie «objet et définition» fait référence à cette catégorie.
Aucune autre disposition réglementaire ou technique n’apporte des précisions sur les spécificités de cette activité.

De multiples contraintes pour les motos
Pour en savoir davantage, nous avons pris contact avec l’un des anciens opérateurs dans le secteur, en l’occurrence AS Motors, installé depuis 2011 dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj avec une unité de fabrication de motos avec un taux d’intégration de 70%. Cette usine, qui continue d’importer quelques éléments comme les moteurs et les roues, a été perturbée dans son fonctionnement depuis l’arrêt de toutes les importations de collections SKD décidé par le gouvernement.

Aujourd’hui, son responsable, Walid Khababa, se prépare à conformer son installation au nouveau cahier des charges. Il estime que même si le dossier répond à 80% des conditions de ce texte, il ne manque pas de relever, toutefois, que la fabrication de motos subit toujours la concurrence déloyale des importations et ne bénéficie d’aucune protection.

Il regrette que les opérateurs n’aient pas été consultés afin «d’apporter le fruit de leur expérience et de contribuer par leur expertise à améliorer le contenu de ces textes, qui ont peu évolué par rapport aux ancien documents».

Pour lui, ce cahier des charges peut être considéré plutôt «comme base de travail et de préparation pour un document plus précis techniquement et mieux abouti réglementairement». Notre interlocuteur reproche, en effet, aux auteurs de ces documents importants d’avoir traité l’activité cycles et motocycles avec approximation et légèreté sans tenir compte de ses spécificités techniques et commerciales.

La moto algérienne n’est pas protégée
Walid Khababa ne comprend pas que l’on puisse mettre tous les industriels dans la catégorie des escrocs et des faussaires, en leur appliquant les mêmes décisions de blocage. Il estime que l’Etat a les moyens de discerner les uns des autres et d’encourager ceux qui s’investissent réellement dans la relance de l’économie nationale.

Tout en affirmant la disponibilité de son entreprise à développer encore davantage son outil de production, il souligne, néanmoins, qu’«engager de lourds investissements supplémentaires nécessite, d’une part, des mesures de protection de la production locale et, d’autre part, le bénéfice d’avantages fiscaux pour soutenir notre effort d’industrialisation».

Pour lui, «la moto algérienne n’est pas encore compétitive par rapport aux produits venus d’ailleurs», avant de poursuivre : «Notre activité subit de multiples contraintes depuis des années.»
Il est à rappeler que dans le processus de fabrication de AS Motors, il est déjà intégré la réalisation du châssis avec marquage du numéro d’identification national (WMI), la production du carénage ainsi qu’une multitude de pièces en plastique.
AS Motors propose à ses clients une gamme de 4 modèles fabriqués localement répondant chacun à des attentes précises de la clientèle. De même qu’au chapitre des nouveautés, l’entreprise qui possède son propre centre de recherche et développement prépare la fabrication future d’autres modèles, comme les véhicules à quatre roues et les motos destinées à la livraison avec les équipements dédiés. Il est utile de préciser que cette gamme se distingue par un rapport qualité/prix compétitif.
B. Bellil Le Soir d’Algérie