dimanche 5 mai 2024
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Marché de l’automobile algérien : vers une nouvelle année blanche ?

Un tiers de l’exercice 2022 s’est déjà écoulé et aucun signe annonçant une éventuelle relance de l’activité automobile en Algérie n’est, pour l’heure, perceptible.

Les promesses d’un dénouement, avancées par différents responsables pour la fin du premier trimestre, se sont révélées vaines. On assiste à un remake de la situation vécue en 2021 avec ses promesses et aussi ses reports. Se dirige-t-on vers une autre année blanche ? Et en cas d’une libération des agréments pour les deux mois à venir, peut-on espérer une arrivée de véhicules avant la fin de l’année en cours ?

Tout porte à croire que le dénouement attendu par tous risque d’être décalé encore une fois. La raison, c’est le long, laborieux et bureaucratique processus de validation des candidatures de concessionnaires.

Le parcours du combattant

En effet, après l’obtention du fameux sésame, les heureux lauréats à cette activité tant prisée devront se conformer aux nouvelles dispositions instaurées par le ministère du Commerce concernant le registre du commerce et aussi, et surtout, toutes les opérations d’importation de marchandises et de leur revente en l’état. Les délais d’attente pour cette étape peuvent varier entre un et deux mois.

Le concessionnaire devra, par la suite, attendre le dégagement de l’enveloppe financière réservée à l’automobile et, éventuellement, la définition des quotas pour chaque opérateur.
Et c’est uniquement à partir de là que les préparatifs pour l’importation pourront commencer au niveau des banques et ensuite avec le constructeur pour la commande et l’acheminement des prototypes pour chaque modèle à importer et devant être présenté aux services des mines pour homologation. Une phase qui peut aussi s’éterniser, compte tenu de la convergence de plusieurs dossiers en même temps. Il est juste à espérer que les délais imposés auparavant par les services techniques, et pouvant atteindre les 4 mois, ne seront plus reconduits.

Après l’homologation, débutera, alors, le processus de confirmation de la commande globale auprès du constructeur et probablement la mise en production au niveau de l’usine si les modèles et les quantités demandés ne sont pas disponibles en stock. Le fret maritime est une autre étape importante avant l’arrivée des véhicules et dont la durée varie selon le pays d’origine. De deux à trois mois pour les pays d’Asie à quelques jours, voire quelques semaines pour l’Europe. Ultime étape et pas des moindres, c’est celle liée aux opérations de dédouanement, une fois les véhicules débarqués sur les ports algériens.

Un contexte international défavorable

Et au-delà de ce véritable parcours du combattant au plan national, l’on se doit de souligner le contexte international qui est loin de favoriser un retour rapide à une situation normalisée en Algérie. Ce sont d’abord les complications liées à la pandémie de Covid-19 et les profondes perturbations dans la chaîne d’approvisionnement avec des ruptures récurrentes dans la production de divers composants et semi-conducteurs et aussi de raréfaction de certaines matières premières. Ajoutons à cela la guerre en Ukraine qui a provoqué une autre déstabilisation dans l’industrie automobile mondiale, sachant que plusieurs sites de production de sous-traitance et de véhicules ont été, soit gelés, soit délocalisés vers d’autres contrées.
Cette situation a engendré un bouleversement historique dans le fonctionnement des concessions automobiles, notamment en Europe, avec des délais de livraison qui peuvent atteindre les 12 mois, voire même plus pour certains modèles recherchés par la clientèle. Et pour la première fois, il a été relevé une évolution inédite de la cote des véhicules d’occasion se rapprochant parfois du prix du neuf qui n’est pas disponible.

Un retour incertain à la normale

C’est dire qu’une probable reprise des activités d’importation en Algérie se heurterait, inévitablement, à ces nouvelles complications du marché automobile mondial. D’autant que des pays enregistrant des volumes de vente bien plus importants que les nôtres sont actuellement confrontés à des ruptures de stock jamais vécues auparavant. L’Algérie devra, alors, attendre son tour pour la satisfaction de ses commandes.
En tout état de cause, on notera que pour un concessionnaire qui décrocherait son agrément en mai ou en juin prochain, l’arrivée prévisible de ses produits en Algérie ne saurait être attendue avant la fin du dernier trimestre de l’année en cours, voire même le début de l’année 2023.
À ce stade, on peut affirmer que l’année blanche ne sera pas une simple vue de l’esprit.
B. Bellil Le Soir d’Algérie