vendredi 10 mai 2024
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Retour à l’importation des VO : le gouvernement au secours des cambistes ?

Le gouvernement, et par le biais de son ministre du Commerce, vient de « rassurer » les Algériens que le projet de texte libérant l’importation des véhicules de moins de 3 ans est toujours à la phase de maturation et qu’il devrait être inscrit dans les tablettes de la loi de finances 2020.

En fait d’assurance, ce sont plutôt les cambistes des places fortes du change parallèle de la devise qui devraient avoir de l’espoir pour les semaines à venir. Et pour cause, après une tendance baissière désespérante pour le marché parallèle avec des taux ayant atteint les 190 pour l’euro, cette dernière sortie du ministre du Commerce pourrait, sans doute, s’apparenter à une aubaine pour les professionnels de ce secteur florissant et une offre salutaire pour sa relance.

Les monnaies étrangères, rappelons-le, notamment européenne, flirtaient, avant le vent de liberté qui a commencé à souffler sur le pays, au-delà des 225 pour l’unité. Car, en dehors des cambistes, cette mesure populiste par excellence n’aura aucun effet positif ni sur les prix de vente des véhicules assemblés localement, ni encore moins sur les gains à espérer sur ceux importés par les Algériens.

En l’état actuel des choses, ramener un véhicule de l’étranger coûterait bien plus cher que de l’acquérir sur le marché national, en dépit de l’exagération avérée des prix pratiqués par les concessionnaires, souvent multipliés par deux, voire même par trois. Il faut souligner que ceux des véhicules d’occasion de moins de 3 ans sont en Europe, réglementés dans le cadre d’une cotation officielle qui limite le taux d’usure annuel entre 5 et 10% selon les modèles, et qui le rend, de la sorte, peu accessible pour les bourses moyennes algériennes.

A cela vient se greffer un taux de change qui ne manquera pas de rebondir vers des niveaux encore plus élevés, des frais de déplacement, d’assurance et d’acheminement du véhicule ainsi que la TVA et les droits de douane. Concrètement, une citadine de moyenne gamme de 3 ans d’âge, estimée à 10 000 euros pourrait coûter à l’arrivée autour des 2 700 000 DA, alors que le prix du même modèle, neuf, assemblé quelque part en Algérie, ne dépasserait pas les 2 400 000 DA.

Seule l’éventualité d’étendre cette mesure aux véhicules de moins de 5 ans pourrait offrir d’intéressantes opportunités pour le client algérien, mais elle n’est pas, cependant, sans risque de voir le pays redevenir, comme il y a quelques années, un dépotoir pour véhicules indésirables dans leur pays d’origine.

Le gouvernement gagnerait plutôt à revoir sa copie sur l’industrie automobile nationale, en imposant des dispositifs stricts de contrôle des prix depuis l’usine du constructeur jusqu’à la concession, en passant par les ateliers de démontage domiciliés à l’étranger et source de surfacturations substantielles, le fret et l’assemblage en Algérie.

En accordant des facilités de différentes natures, accès facilité au foncier, crédits disproportionnés par rapport au coût réel de l’investissement, exonération des taxes et droit de douane et autres avantages parafiscaux, le gouvernement se devait d’avoir un droit de regard sur la politique de prix pratiqués par ces assembleurs en herbe et qui n’obéit qu’au seul souci de profit et d’enrichissement rapide. Les marges bénéficiaires ont dépassé les limites du raisonnable et ont même permis à certains de proposer des remises allant jusqu’à 700 000 DA.

B. Bellil Le Soir d’Algérie