mercredi 15 mai 2024
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Usine Emin Auto : déboires d’un projet industriel…

Après son premier cri de détresse lancé au cours du mois de septembre dernier, la société Emin Auto revient à la charge avec une autre lettre ouverte adressée au président de la République.

Il y est fait un rappel des déboires que continue de subir son projet industriel lancé dans la région de Tamazoura et notamment la décision des services de douanes de mettre à la vente aux enchères publiques d’une chaîne de montage complète de véhicules utilitaires à «l’état de matériaux ferreux et non ferreux».

La raison, selon le contenu du courrier, c’est l’épuisement des délais réglementaires prévus par la douane nationale pour le dédouanement de ces équipements et leur mise en exploitation effective, ou alors leur réexportation.

Tout a commencé en 2016, quand, à la faveur de la politique d’encouragement des investissements dans ce domaine et surtout conformément à la loi de finances de 2014 et son article 52, imposant le développement d’une activité industrielle par les concessionnaires automobiles, la société Emin Auto avait tenu à assumer entièrement ses engagements en se lançant dans cette ambitieuse aventure.

Fort de ses 22 années d’expérience dans cette activité et d’un partenariat privilégié avec son partenaire historique, à savoir le constructeur public chinois, JAC, Emin Auto avait réussi à faire la différence avec les autres projets initiés par les préférés du ministre de l’Industrie de l’époque et qui ont été qualifiés, à juste titre, d’usine de «gonflage de pneus».

Le projet de JAC/Emin Auto de Aïn Témouchent promettait, une fois achevé, de contribuer au développement d’une véritable industrie automobile en Algérie et la création de pas moins de 800 emplois directs. Toutes les étapes de production et de montage étaient prises en charge localement, fabrication des châssis, de la carrosserie, assemblage de moteurs, création d’une zone de sous-traitance en vue d’approvisionner l’usine en pièces et composants divers, atelier de peinture, etc.

Cette importante réalisation devait assurer la production d’une large gamme de véhicules utilitaires de différents tonnages et répondant aux attentes des professionnels algériens, et avait surtout suscité l’approbation et le soutien publiquement affichés des hautes autorités de la République de Chine.

En plus de la diversité de cette production, c’était également une offre de prix particulièrement compétitifs en comparaison avec ceux pratiqués par la concurrence.
Aussi, et après l’obtention de l’accord de principe du comité technique du ministère de l’industrie et la délivrance du permis de construire par les autorités locales compétentes, la réalisation des œuvres de génie civil a été entamée et achevée dans les délais impartis.

De même, et pour se mettre en conformité avec les dispositions réglementaires prévues par les textes régissant cette activité, la société a procédé à l’importation de l’ensemble des équipements de la chaîne de montage. Il ne manquait, alors, que l’agrément définitif pour lancer le montage des équipements et débuter les activités de production.

Mais c’était compter sans l’acharnement et la détermination de l’ancien ministre à bloquer le processus de validation du dossier d’Emin Auto auprès du Conseil national d’investissement, à un moment où des autorisations étaient accordées pour de véritables importations déguisées.

Et suite à l’éclatement du scandale lié au dossier de montage automobile et le traitement de cette affaire par la justice, la société Emin Auto s’est constituée partie civile et a été reconnue par le tribunal comme «victime de l’arbitraire et des dépassements des responsables de l’époque». Une indemnisation lui a même été accordée.

Aujourd’hui, et à la veille de l’entrée en application de la nouvelle loi sur l’investissement et des textes spécifiques à l’industrie automobile, le premier responsable de cette entreprise, Nihat Sahsuvaroglu, en appelle au sens de l’équité du président de la République pour permettre un dénouement heureux et éviter que cette usine toute prête, dont le coût global a atteint les 7,6 milliards de dinars, ne connaisse un aussi triste sort.

B. Bellil Le Soir d’Algérie