jeudi 9 mai 2024
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La descente aux enfers se poursuit pour le marché de l’automobile et de la pièce de rechange

Le secteur automobile ne cesse de plonger dans les profondeurs de la déstabilisation avec une crise multiforme : absence de réseau de concessionnaires officiellement structurés, pénurie de véhicules neufs, désengagement du service après-vente et, tout récemment, suspension des importations de pièces de rechange.

C’est la descente aux enfers pour un secteur qui avait réussi, pourtant, au prix d’efforts soutenus tout au long des deux dernières décades, d’atteindre des niveaux appréciables de professionnalisation et de mise en conformité avec les standards internationaux.

Mais c’était compter sans les visées prédatrices et l’appétit vorace des tenants de l’ancien régime, qui ont, en l’espace de trois années, mis en ruine tout ce qui a été patiemment et minutieusement construit en plus de 20 ans.

Une situation inédite
Ainsi, après l’échec programmé de la parodie industrielle de Bouchouareb et les hésitations des responsables qui se sont succédé à la tête de ce département, l’automobiliste algérien se retrouve aujourd’hui dans une situation inédite. Non seulement il ne peut prétendre à l’achat, comme citoyen du monde, d’un véhicule dans des conditions normalisées, mais il est, en plus, contraint de recourir à la débrouillardise, pour procéder au changement de pièces défectueuses sur sa voiture, à l’occasion d’opération routinière d’entretien.

En effet, et contrairement au véhicule neuf dont l’importation est suspendue depuis plusieurs années, celle de la pièce de rechange, était, en revanche, permise, y compris pour les opérateurs étrangers qui sont toujours en activité.

Ce qui a permis d’en assurer la disponibilité, même avec des prix qui ont connu de fortes surenchères. Il est à signaler que ces importations de la pièce de rechange étaient assurées aussi bien par des représentants de marques que des revendeurs particuliers qui foisonnent dans certains quartiers des grandes villes du pays.

Toutefois, une nouvelle réglementation élaborée par le ministère du Commerce visant à réorganiser l’activité d’importation de produits destinés à la revente en l’état, et aussi la volonté politique des autorités du pays de juguler les dépenses en devises, ont subitement mis fin à l’approvisionnement du marché local en pièces de rechange, créant ainsi une situation de pénurie, notamment pour certains composants tout aussi importants que les plaquettes de freins et de différents filtrages. Il va sans dire que les prix ont été, par conséquent, multipliés par 2, voire même 3.

Ce manque concerne naturellement plusieurs marques présentes en Algérie. Des véhicules sont ainsi immobilisés, depuis des jours, dans des ateliers de maintenance pour manque de pièces.

Recours massif aux casses
Il en serait autrement pour certains constructeurs européens organisés en filiale et qui tirent profit de la mise en place de grands magasins centraux de pièces de rechange avec des stocks importants qui leur permettraient aujourd’hui de faire face à cette crise sans précédent. Ils sont pour cela soutenus par un réseau de service après-vente structuré et disséminé à travers toutes les régions du pays et qui tente, vaille que vaille, de maintenir ses activités.

C’est dire que pour l’automobiliste algérien, la quête d’un filtre à carburant, d’un injecteur ou d’un kit d’embrayage se transforme rapidement en cauchemar et en parcours du combattant, avec des déplacements coûteux vers les places fortes du commerce de la pièce de rechange, El Eulma, Aïn Mlila, Bab Ezzouar, Tadjenante…

À défaut, le recours de plus en plus signalé aux «casses», ces revendeurs d’épaves de véhicules accidentés, le plus souvent dépecés et présentés en éléments détachés et qui feront le bonheur de certains.
La plus réputée de ces casses, c’est, sans le moindre doute, le lieu-dit El Djezzar, dans la daïra de Barika (Batna), où l’on est certain, après de multiples et infructueuses recherches, de dénicher, enfin, l’objet tant convoité.

C’est l’unique regroupement, jusque-là connu, en un espace limité, de revendeurs de pièces usées pour tous modèles et toutes marques confondus. Mais c’est surtout, hélas, la preuve irréfutable d’un délitement et d’une clochardisation bien avancés du secteur automobile en Algérie.
B. Bellil Le Soir d’Algérie